Premières étapes

Printemps 2014, où es-tu?

20 mars, 2014

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Vous avez peut-être remarqué un écart de plus en plus marqué entre les guides et le temps qu’il fait.  En tous cas, moi je l’ai remarqué.  Les Canadiens se disent capables d’en prendre, mais rares sont ceux qui n’attendent pas le printemps avec impatience et qui ne cherchent pas des signes annonciateurs du printemps.  Je vois de plus en plus de corneilles, j’ai entendu un pique-bois l’autre jour et les saules ont commencé à bourgeonner.  J’ai cherché des saules à chatons et je n’ai trouvé que quelques bourgeons naissants.  Je n’ai pas encore aperçu de merles, mais j’ai entendu dire qu’il y en a.  Les oiseaux aquatiques migrateurs commencent à arriver sur les plans d’eau, mais leur présence se limite aux eaux courantes.

Mes chers amis, nous avons été gâtés.  Les hivers doux et les printemps hâtifs (comme en 2007, 2010 et 2012) sont désormais la norme, plutôt que l’exception.  À plus grande échelle, depuis l’année 1900, environ les deux tiers des espèces étudiées dans le monde fleurissent, se reproduisent et migrent plus tôt.  De plus, les espèces ont dû se déplacer pour rester dans une zone climatique qui leur convient, ou leur « climat idéal », toujours depuis l’année 1900, environ la moitié des espèces étudiées se sont déplacées vers de plus hautes latitudes ou élévations (de 48 à 1 600 km plus près des pôles, ou 395 m plus en altitude).  Or, ces conséquences du réchauffement planétaire (RP) ne sont pas totalement inoffensives.  La tendance générale au réchauffement s’accompagne également de fluctuations extrêmes et, souvent, le printemps hâtif est ponctué de coups de froid, des épisodes de gel qui tuent les premiers bougeons et les premières fleurs et entraînent des pertes de récoltes partout en Amérique du Nord. 

« L’hiver de notre mécontentement » que nous venons de traverser s’inscrit dans ces fluctuations à plus grande échelle, ou « chaos climatique » (défilez vers le bas), que nous prédisent les modèles de RP.  Bien qu’on ne puisse pas isoler une saison pour établir une tendance, l’une des causes possibles des visites fréquentes du redouté « vortex polaire » est la rupture de l’écart de température entre la masse d’air arctique ou polaire et la masse d’air continentale juste en-dessous, parce que l’air arctique se réchauffe plus vite, ce qui fait descendre le courant-jet plus au sud et le fait osciller davantage.  Alors que certaines régions ont subi de fortes fluctuations de températures et connu des périodes de temps plus doux que les normales saisonnières, l’Ontario a traversé une période quasi-ininterrompue de temps très froid. 

Cela n’a pas que du mauvais.  Plus le printemps arrive tard, moins les risques de gelée meurtrière à grande échelle sont élevés.  Un printemps plus tardif s’accompagne d’autres conséquences.  Portez une attention particulière aux phénomènes énumérés ci-dessous :

  •  un retard dans l’éclosion des bourgeons qui peut parfois atteindre plusieurs semaines.
  • si les températures printanières sont plus froides, les bourgeons peuvent prendre plus de temps à arriver à maturité et durer plus longtemps (voici une règle simple : pour chaque tranche d’écart de température de 10º C, les processus ont tendance à s’accélérer ou à ralentir selon un facteur de deux).
  • la compression de la période d’éclosion des bourgeons provoque un chevauchement entre des espèces dont l’éclosion est habituellement séquentielle.
  • un retard dans la saison de reproduction des hiboux, si la neige tarde à fondre et à révéler la présence des rongeurs dont ils se nourrissent.
  • une élévation du niveau d’eau des Grands Lacs, dont le bas niveau est préoccupant depuis quelque temps.  La couverture de glace quasi-record, qui réduit la quantité d’évaporation, et le ruissellement accru provoqué par la fonte d’une quantité de neige supérieure à la normale devraient contribuer à élever le niveau d’eau des Grands Lacs.
  • un risque accru de martégade dans les lacs qui conservent une couverture de glace pendant plus longtemps qu’à l’habitude, puisque l’oxygène est consommé avant la transition printanière.
  • une réduction de la densité ou l’éclosion hâtive d’insectes nuisibles envahissants, comme l’agrile du frêne ou le scolyte de l’écorce du pin, qui risquent de mourir par suffocation hivernale en raison des températures extrêmement froides (malheureusement, il en va de même de leurs prédateurs/parasites).
  • un retard dans les migrations, notamment celle des papillons monarques, qui pourraient être retenus par un retard dans la production d’asclépiade aux États-Unis.  Vous pouvez suivre la croissance de l’asclépiade en cliquant ici.
  • en raison de la fonte tardive des neiges, tous les animaux actifs auront plus de mal à trouver de la nourriture.  Si vous avez rempli vos mangeoires tout l’hiver, ce n’est pas le moment de cesser de les remplir.
  • une fonte des neiges plus abondante pourrait prolonger la durée des étangs éphémères et accroître le potentiel de reproduction des amphibiens qui les utilisent.
  • les phénomènes énumérés dans les guides qui ne se sont pas encore produits dans votre région et le retard qu’ils accusent.  Pourquoi ne pas dresser un calendrier des phénomènes naturels de votre région (communément appelé phénologie) et suivre leur évolution d’année en année, p. ex. : la date du premier et du dernier gel; la date de formation et de fonte de la glace; le jour de l’arrivée et du départ des papillons monarques; le jour de l’arrivée et du départ des merles, etc.

À quoi peut-on s’attendre côté météo?  Selon MétéoMédia, après le temps froid que nous avons connu au début de mars, les températures en Ontario vont demeurer sous les normales saisonnières jusqu’à la fin mai dans la majeure partie du nord de la province et près des normales saisonnières dans le reste de la province.  Il ne nous reste plus qu’à espérer.